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Les rires des bourreaux redoublaient alors… Charlot frémit en apercevant des femmes au milieu des prisonniers. L’une d’entre elles attira son attention. Elle était grande, mince, et sa noble figure que la douleur pâlissait, ressemblait à un beau lis penché. Il en avait aussi la fierté. La bouche serrée, cette enfant de dix-huit ans, semblait-il, ne faisait entendre ni cris, ni gémissements, ni supplications… On ne l’épargnait guère, pourtant ; sur son épaule nue, on apercevait une large blessure… Puis, tout disparut aux yeux de Charlot. On entrait à l’intérieur du camp en vociférant de plus belle. Charlot alla se glisser sous un tas de copeaux placés dans un des angles de la tente. De la sorte, ne le voyant pas, on ne l’obligerait pas à se joindre aux bourreaux.


II

L’ALGONQUINE


Kinaetenon mangea dans le plus profond silence, le soir, au souper. Aux questions de Charlot, il ne répondit que par monosyllabes. « Oui, il y avait plusieurs captifs, » apprit-il. « Oui, on allait le soir même décider de leur sort, » dit-il encore. Charlot, voyant son ami