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bas !… Par pitié, mon frère, sois patient, sois circonspect… Je prie tant d’ailleurs, vois-tu, que ton malheureux exil finira bien par un retour, un de ces beaux matins… Patience, courage, espoir donc !


Répète encore à Kinaetenon que je le remercie de prendre un peu soin de toi, que je garde le bon souvenir de l’attention avec laquelle il veillait sur moi au Fort… Pauvre Kiné ! Se convertira-t-il un jour ? Je l’espère de toute mon âme.

Mon frère, alors cette fois, je te quitte. Mon cœur se déchire lorsque je te vois lisant cette lettre… si loin, si loin de moi, et me souhaitant toute proche, n’est-ce pas ? Charlot, mon Charlot bien-aimé, que je voudrais pouvoir te rejoindre.

Ta Perrine qui pleure
Du Fort des Trois-Rivières.
28 septembre 1647

Charlot laissa retomber la lettre avec un gémissement. Lui aussi revoyait Perrine avec une acuité incroyable de vision… Tout le coin aimé des Trois-Rivières réapparaissait vite aussi autour d’elle… Ses yeux s’embuèrent de larmes durant un court moment mais bien vite, il se redressa, vainqueur de son émotion