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de courage qu’il n’a de corps,[1] il n’en reviendra pas vivant ! »

Il en revint, bien au contraire, traînant après lui un prisonnier. Il l’avait déniché dans le tronc d’un arbre. On le conduisit à Québec, et là, gardé à vue dans la prison du fort et se voyant bien perdu, le misérable sauvage avoua qu’il était l’assassin du Père Jogues. Il demeura huit ou dix jours à Québec, puis M. le gouverneur l’expédia à Sillery, aux Hurons qui réclamaient le privilège de juger et de punir ce meurtrier. Il fut brûlé le 16 de ce mois, et son corps, jeté à l’eau. Mais auparavant, nos Pères avaient réussi à le convertir, à le baptiser. Ils avaient obtenu aussi que l’on abrégeât ses tourments, qui ne durèrent qu’une heure, contrairement à douze ou quinze heures habituellement. On nous a raconté qu’il priait beaucoup pendant son supplice, qu’il criait aussi sa reconnaissance à Jean Amyot qui avait été la cause de sa conversion et à qui il allait devoir bientôt, suivant la promesse des Pères, le bonheur du Ciel, avec le pardon là-haut du bon père de la Prière, qu’il avait massacré avec la barbarie d’un loup vis-à-vis d’un tendre agneau ».

Tout cela, tu le vois, nous cause bien de l’émotion quoique notre courage n’en soit pas entamé. Tout au contraire. Chacun est

  1. Authentique