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cœur en recevait un choc terrible. Ah ! l’on allait bien finir par s’en prendre à toi, par déjouer la surveillance de Kinaetenon. Tu périrais. Ô la torturante, la suprême désolation ! Que de nuits j’ai passées à pleurer, à prier aussi ! Que d’appels désespérés à la pitié de Kinaetenon ! Les entendait-il parfois ces appels déchirants, le dévoué Kinaetenon, à travers je ne sais quelle brise mystérieuse, sifflante, douce ? Pénétrait-elle bien jusqu’à lui, par ces nuits sombres, sans étoiles, qui furent si nombreuses, tout cet été pluvieux de 1647 ?

« Que j’aimerais à entendre de ta bouche le récit de la mort du Père Jogues ! Son nom est sans cesse prononcé, ici, depuis que nous avons appris son glorieux martyre. Ne rapporteras-tu pas quelques reliques ? Ont-ils donc fait grâce de tout ce qui nous le rappellerait ? Oh ! les lâches, les lâches !… Mais ne va pas t’exposer, même pour une cause si sainte. Ah ! le sublime apôtre Jésuite, mon frère ! Il savait de façon certaine — il l’a dit à un des Pères — que la


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(1) Deuxième partie du récit : À l’École des Héros paru dans l’Oiseau bleu, de mars à décembre 1931.