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avec quelle grâce enfantine, irrésistible, paraît-il.

Il y eut peu de monde à ces noces, à la demande de Mme Nicolet, ce dont nos bons pères Jésuites furent très heureux. Tu te rappelles, quelle violence ils se font toujours pour y assister. Seule, leur affection profonde pour nous tous, colons, leur fait faire ce sacrifice d’amabilité.

Charlot, Charlot, notre fier, notre célèbre, héroïque Piescaret n’est plus. Il succombait dans un piège tendu par les Iroquois, au commencement de mars de cette année 1647, la terrible, si terrible année, (pour moi et pour bien d’autres, va.) Nous ne voulions pas le croire ici. Lui, Piescaret, victime d’un piège ! Notre ami algonquin était si rompu à toutes les ruses, feintes et trahisons des ennemis impitoyables de sa race, les Iroquois. Que de fois, que dis-je, toujours, il les déjouait, les faisant tourner même avec une promptitude géniale, en sa faveur ou en la faveur des siens. Mais tu connais ses hauts faits d’armes aussi bien que moi.[1] Je revois encore tes grands yeux d’enfant fixés sur lui avec exaltation, admiration lorsqu’il racontait à la veillée quelques-unes de ces passes d’armes

  1. Voir l’Oiseau bleu de 1931, p. 158. Il s’y trouve un récit des exploits extraordinaires de cet intelligent et très brave sauvage, grand ami des Français.