Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lot s’assura que ses pistolets chargés étaient bien à la portée de sa main, quoique dissimulés sous une couche improvisée de feuilles tendres, arrachées au bouleau voisin. Puis il ouvrit son paquet de provisions. Les Pères de la Maison de Sainte-Marie avaient été généreux, il y avait là de quoi subsister tout le lendemain… Un sourire erra un instant sur les lèvres du jeune soldat. Toutes les circonstances, même les plus infimes, semblaient aider à l’exécution de son projet de voir un instant sa chère Fleur-de-Lis avant de retourner aux Trois-Rivières. Il s’endormit bientôt. À son réveil, il s’aperçut, honteux, que le sommeil l’avait terrassé pour plus longtemps qu’il ne l’aurait souhaité… Il devait être certes, près de midi. Un nuage de contrariété couvrit le front du jeune homme qui se rendit compte qu’il ne frapperait à la porte de la cabane du Père Daniel que le lendemain matin…

Il se garda bien à l’approche de la nuit de se tapir aussi confortablement que la veille. Il se contenta de dormir une heure ou deux appuyé à un vieux tronc d’arbre, non sans avoir glissé cependant sous sa tête son manteau replié.

Le lendemain matin, aux premières lueurs de l’aube, un bruit de voix non loin de lui le tira brusquement du sommeil. Il se garda de bouger, attentif au point que pas une syllabe des mots échangés n’aurait pu lui échapper. Hé ! qu’était cela, on s’exprimait en la langue