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sanglots… sur le cœur de notre vieille et chère protectrice.

Trois jours plus tard, je fus debout. Une résolution inébranlable fortifiait mon cœur. Je voulais aider à retrouver Jean… Car le corps de mon bien-aimé, tout comme celui de François Marguerie, n’apparaissait nulle part.

Je ne pleurais presque plus. Je priais. Je m’accrochais à cet espoir de lui rendre ce service suprême d’une sépulture en terre bénite…

Les recherches durèrent dix-huit jours… Dix-huit jours d’agonie, tu le devines. Enfin, le 10 de juin, il y a trois jours par conséquent, « furent vus leurs corps »… Celui de mon Jean « proche de Sillery, celui de Marguerie, proche de Québec. Tous deux furent enterrés le même jour, l’un à Sillery, l’autre à Québec ». Je pars pour Sillery demain matin, Charlot. Je veux aller prier et pleurer sur la tombe de mon bien-aimé. Le Père Buteux, qui m’a entourée de sa sollicitude depuis la noyade de Jean, a eu hier devant nous tous, au Fort, à la nouvelle que les corps étaient retrouvés, des mots qui m’ont touchée et fait un bien profond… Il a dit de Jean : « Mes amis, Amyot, ce brave soldat de saint Joseph, ne vient-il pas de faire, ô miracle, vingt-cinq ou trente lieues de chemin après sa