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généreux comme un lion, notre Jean !

Le 22 mai, veille de sa mort, nous avions passé une soirée attendrissante. Tous les deux, en devisant avec affection de notre avenir, nous nous étions rendus à l’emplacement où s’amoncelaient les matériaux destinés à la construction de notre nid familial. Le Père Buteux vint à passer et sourit en nous voyant. Puis, il nous adressa quelques mots.

« Eh bien ! mon bon Amyot, vous voilà en train de devenir un bon habitant des Trois-Rivières ? Votre gite s’élèvera ici ?

— Je l’espère, mon Père, répondit gaiement Jean, à moins que les hasards de la guerre n’en décident autrement.

— Oui, oui, reprit le Supérieur des Trois-Rivières, la Providence nous tient amoureusement dans sa main… Et ce qu’elle décide est la sagesse même.

— Mon Père, dis-je avec un peu de reproche dans la voix, ne croyez-vous pas que notre jeune bonheur mérite protection et doit un peu trouver grâce…

— Nous prierons pour qu’il en soit ainsi, ma chère enfant…

— En tout cas, mon Père, et vous aussi Perrine, sachez bien ceci… Et les yeux de Jean, étranges, mystérieux, se fixèrent soudain au loin… « Sachez que s’il arrive que je meure, je désire que ces bois et les autres matériaux que je dispose pour me faire bâtir une maison soient