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jusqu’à huit jours, parfois, que la brise perdit un peu de sa force.

Enfin, le 10 juin, on fut à destination. La Maison de Sainte-Marie, sur les bords du grand lac Huron, s’ouvrit toute grande pour recevoir les voyageurs. L’on avait voulu s’y rendre tout d’abord. N’était-ce pas là « le centre » de tous ces pays, « le cœur des missions » que les Jésuites y avaient fondées. Ces missions, au nombre de dix, étaient desservies par quinze des héroïques Pères. Entre autres, à la Mission de Saint-Joseph, et depuis quatorze ans, le Père Antoine Daniel, aux bourgs de Saint-Louis et de Saint-Ignace, les Pères de Brébeuf et Gabriel Lalemant.

À la maison de Sainte-Marie se trouvait en ce moment, en qualité de supérieur, le Père Paul Ragueneau. Deux autres Pères l’assistaient. Plusieurs Français s’y trouvaient également, car la besogne y était assez forte. La Maison de Sainte-Marie des Hurons ne servait-elle pas à la fois « d’hôpital pour les malades, d’hospice pour les visites ou les voyageurs, de refuge contre les ennemis, de maison de retraite et de conférences pour les Pères, » qui aimaient à s’y rassembler deux ou trois fois par année ?

La venue de messagers venant des Trois-Rivières ou de Québec, les lettres que tous et chacun recevaient à ces occasions, constituaient une petite fête du cœur pour tous ces courageux exilés. Aussi, accueillait-on avec,