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un.

Normanville haussa les épaules, mais fut intérieurement convaincu qu’il fallait bien abandonner à son sort cet enfant qui devait aimer avec une belle et puissante virilité, puisque toute autre affection, si vive soit-elle, s’anéantissait devant son amour vif, sain, impérieux, pour l’Algonquine.

Un jour, il se le rappela ; Perrine, avec une moue, lui avait dit : « M. de Normanville, je ne vous comprends pas. Charlot a raison de vous, toujours. Et vous savez, pourtant, combien il se montre souvent déraisonnable ». Il n’avait pas répondu à ce doux reproche de Perrine. À quoi bon ? D’abord, le silence, la discrétion lui allaient bien. Puis, il respectait chez les autres tout acte volontaire lucidement posé… Les événements se chargeaient, selon lui, de désillusionner, de contrarier ou de faire échouer les plans de ces fronts qui s’entêtaient. Et puis lui-même, autrefois, n’aurait pas aimé aucune ingérence dans le domaine du cœur surtout.

Oui, Charlot, une fois de plus, se montrait sans doute déraisonnable. Et encore ? Le sentiment d’amour qu’il éprouvait si profondément pour la fière Algonquine lui dévorait le cœur à certains instants. Normanville le voyait, l’avait observé fort bien. Et de nouveau, il voulait espérer que des traverses, qui feraient sans doute souffrir l’enfant, seraient aussi le creuset d’où