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— Quelle folie ! Enfin… Le Ciel veuille que tu n’ailles pas au-devant de nouveaux désastres, de nouvelles douleurs.

— Cela ne peut faire reculer « le soldat que je suis », n’est-ce pas ?

— Ta confiance, petit, m’est précieuse, en tout cas. Quand comptes-tu partir ? Et que faut-il dire à l’aimante petite sœur qui pleure toujours ton absence, là-bas, dans nos chères et sombres Trois-Rivières ?

Charlot tressaillit. « C’est la seule ombre au tableau, M. de Normanville. Oh ! Perrine, Perrine… »

Durant quelques instants, Charlot cacha sa figure entre ses mains. Son émotion se faisait intense.

— Quand comptes-tu partir ? reprit sans pitié Normanville, et prépare bien ce mot à présenter à ta sœur.

— J’ai écrit ce mot à Richelieu, il y a près de huit jours, déclara à voix basse le jeune homme. Un Algonquin, ami de Lis-en-Fleur, a consenti à s’en charger. Perrine le lit sans doute en ce moment.

— La pauvre petite sœur ! Que nous sommes durs, parfois, Charlot, pour les femmes que nous chérissons de tout notre cœur, pourtant.

Normanville se leva. « Charlot, reprit-il bientôt, sais-tu que le Père Daran est très, très malade dans une chambre du Fort ?

— Je le sais. J’ai même demandé à le voir, si