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jour qui le mettra en face de moi.

— Mon pauvre petit, que vas-tu gagner à cette chasse ? Aie donc plutôt la vaillance de certains de tes prédécesseurs, sur cette terre de la Nouvelle-France. Tu n’es pas le premier, tu ne seras pas, non plus, le dernier, à aimer de fraîches jeunes filles sauvages, dont le dévouement, la soumission envers nous, peuvent quelquefois aller si loin »… Un soupir échappa à Normanville. Ses yeux s’emplirent un instant de rêve.

Charlot pressa la main de l’interprète. « Vous voyez, seule la puissance d’un tendre souvenir peut bouleverser ainsi votre physionomie si calme, un peu fermée d’ordinaire. Vous avez connu, je suis sûr, un sentiment semblable à celui qui domine mon cœur, ma raison, ma vie.

— Je l’ai vaincu, petit.

— Oh !

— Sommes-nous donc venus en ce pays pour obéir à toutes les inclinations qui s’emparent de nos cœurs. Un soldat comme tu l’es, comme je l’étais hier, se doit d’abord à sa patrie nouvelle, semée de dangers inouïs. Puis, s’il faut fonder un foyer, que ce soit avec une fille vaillante et douce de notre pays de France.

— M. de Normanville, à quoi bon toutes ces paroles ! Je sais tout cela comme vous, allez. Mon cœur se refuse à la conviction… Je suis désolé, mais bien décidé à revoir cette enfant ou… à périr.