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Toute la nuit dans la chambre un peu sombre, mais cela volontairement, du gouverneur de Ville-Marie, on devisa, on s’arrêta tantôt à un projet qu’on rejetait aussitôt, tantôt à un autre qu’on n’acceptait guère plus longtemps. Charlot, que M. de Maisonneuve avait félicité de sa délivrance, puis auquel il avait offert vivres, couvert et vêtements à condition qu’il revienne bien vite prendre place près de lui, Charlot, dis-je, fit valoir bientôt un excellent plan, susceptible de ramener vite, sain et sauf, au Fort, le cher Normanville, si fort en danger pour le moment. Aux premières lueurs de l’aube, on se sépara, tous prenant la ferme résolution de réapparaître bientôt sur la grève, avec Charlot en tête.

Une demi-heure ne s’était pas écoulée qu’un roulement formidable de tambour ramena tout le monde, dans la grande salle du Fort, où M. de Maisonneuve apparut presque tout de suite…, rayonnant et ayant à ses côtés… Normanville ! Les Iroquois n’avaient pas voulu pousser plus loin, cette fois, la perfidie, à cause de leurs compagnons captifs.

Quelle joyeuse mêlée s’ensuivit. Chacun se félicitait, se donnait l’accolade, puis courait aux fenêtres, afin d’assister à l’embarquement des otages remis en liberté, selon qu’il avait été convenu. Grâce à Charles Le Moyne, une