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arme, une demi-pique à la main, lança un cri d’avertissement : « Ne vous avancez pas ainsi vers ces traîtres ».[1] Ce fut peine perdue, hélas, car Normanville qui jugeait, lui aussi, à ce moment, la partie dangereuse, essaya en vain de revenir sur ses pas.

La présence d’esprit et la bravoure coutumière de Le Moyne sauvèrent la situation et vinrent heureusement rétablir l’équilibre des forces.

À peine, en effet, Normanville venait-il de disparaître au milieu des guerriers iroquois qu’il courait faire face aux trois Iroquois demeurés avec eux, mais faisant mine déjà d’aller rejoindre leurs compagnons. Il les coucha en joue et les somma en leur langue de ne pas bouger, ou il tuerait comme un chien l’un quelconque des trois qui voudrait fuir. L’un d’eux, cependant, demanda à être entendu, tout en promettant de ne pas quitter la grève. « Qu’on me laisse, proposa-t-il, aller chercher le Français que nous ne voulons certes pas tuer… Si je ne reviens pas, qu’on dispose de mes compagnons. Ils me sont bien chers, pourtant ».

Le Moyne consentit à cette demande. Mais le voyant trop lent à revenir, il prit le parti de retourner au Fort avec les deux autres prisonniers qui poussaient des cris de détresse en

  1. Incident authentique