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ce soldat vaillant, avisé, agréable, et qui connaissait comme personne les Hurons des Grands Lacs, où il avait séjourné durant cinq années en compagnie des Jésuites.

Charlot dépêcha donc le Huron vers Charles Le Moyne. Il était au Fort, heureusement, et accourut auprès du jeune homme.

« Comment, c’est vous, Le Jeal ? je ne pouvais ajouter foi au baragouinage de votre messager…

— C’est moi, c’est bien moi, repartit en riant Charlot qui secouait la main de l’interprète de Ville-Marie. Les Iroquois ne m’ont embroché qu’à moitié…

— Vous n’avez pas fière mine, c’est vrai. Bah ! qu’importe ! Le tout est de se tirer vivant d’entre leurs mains. Vous me suivez au Fort ?

— Je ne m’en soucie pas. Je me remets en route, voyez-vous, dès demain matin, à moins que vous ne me refusiez les vêtements qui me referont une physionomie convenable, et un peu des vivres qui seront nécessaires à mon compagnon et à moi. Nous nous rendons si loin.

— Et où cela donc, mon jeune et aventureux ami ? Je puis vous le demander ?

— Au pays des Hurons. À la mission Sainte-