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Perrine, ne pleure pas, ne te blesse pas non plus, comprends-moi ! Tu m’aimes toujours, n’est-ce pas ?

Un bon ami, un Algonquin, qui est près de moi en ce moment, pourra t’expliquer mieux que cette écorce rebelle à l’écriture tous ces derniers événements…

Ton Charlot qui a le cœur déchiré, qu’il pense à toi ou… à l’autre. »

Du Fort Richelieu, 18 avril 1648.


Charlot achevait de signer sa missive, lorsqu’il perçut l’harmonieux gazouillis d’un oiseau perché sans doute à peu de distance de l’arbre où il était assis. Il sourit tout à coup en reconnaissant la voix de l’Algonquin, qui usait, comme tant d’autres sauvages, de ce subterfuge gracieux pour signaler sans inconvénient sa présence. Charlot répondit à ce chant du mieux qu’il put.

Bientôt l’Algonquin s’installait près de lui, le front légèrement soucieux.

— Que mon frère parle, vite, bien vite, dit Charlot qui roulait avec soin la longue écorce de bouleau. Mais… remarqua-t-il en regardant avec attention son ami sauvage, pourquoi mon ami a-t-il chargé son front d’aussi gros nuages ?

— Je dois quitter ce lieu dans peu d’instants… Je m’inquiète… On a signalé des Iroquois, pas