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Une demi-heure plus tard. Kinaetenon et Charlot plaçaient l’animal dans une fosse hâtivement creusée tout au fond de la tente. Fatigué, déprimé. Charlot, une fois le sombre devoir rempli, se jeta sur sa natte. Kinaetenon se mit à couper et à tailler le cuir du collier de Feu. Il voulait en obtenir un anneau solide et étroit. Charlot le regardait se servir avec quelle adresse du couteau de Perrine, ce couteau qu’il lui avait, un jour, cédé avec tant de bonheur, par gratitude.

Soudain, le sauvage poussa une rauque exclamation et jeta le couteau au loin. Puis, il regarda Charlot les yeux étincelants, tout en refermant la main sur le collier mutilé.

« Qu’y a-t-il, Kiné ? Tu parais tout drôle ?

— Mon frère peut-il supporter une grande joie ? Il vaudrait mieux qu’il dorme avant, peut-être ».

Charlot se souleva, souriant malgré lui de la gravité étrange du sauvage.

« Mais que bredouilles-tu là, Kiné ? Et pourquoi refermes-tu la main sur le collier ? Tu travailles le cuir avec adresse, parole d’honneur ?

— Regarde, Charlot, ce qu’il y avait entre deux bandes de cuir solidement cousues ? Regarde !