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est-ce un très noble élan à seize ans ?

— Perrine, Perrine, que signifient d’aussi amères réflexions, à ton âge ! Tiens, va te reposer. Cela, ce sera de la vraie sagesse. J’ai dormi, bien dormi, moi, depuis dix heures, hier soir. Je vais te remplacer. Dans une heure, je me rendrai à la chapelle pour la première messe. Reviens alors ici.

— Bien, je vous obéis, bonne-maman, chère bonne-maman ! Ah !… comme vous êtes toujours délicate et tendre pour Perrine et Charlot, ces orphelins que vous recueilliez jadis… » Et, après un dernier baiser, Perrine disparut.

Vers midi, le chirurgien fit un pansement au côté droit et à la main de Charlot. Il se déclara assez satisfait de l’état du blessé. Sa fièvre venait de tomber. « Non, vraiment, non, prononça-t-il, il n’y a aucune suite fâcheuse à redouter au sujet de ces coups d’épée… Seulement, mon petit ami, ajouta le médecin en levant vers Charlot un index menaçant, il faudra, pendant plusieurs semaines, vous interdire l’usage de votre main droite. Elle est très endommagée. Vous laisserez en repos, s’il vous plaît, épée, arquebuse et pistolet, tout bon tireur ou sabreur que vous soyez !… Sinon, oui sinon, l’on fera intervenir le commandant. Et mon ami La Poterie ordonnera… » Mais devant la mine tout de suite soumise, vaguement inquiète et un peu piteuse de son malade, l’homme de l’art se mit à rire. Il pinça l’oreille du jeune troupier et lui jeta, amusé : « Ah ! ah ! mon fringant mousquetaire, le commandant