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la tête du blessé. Elle produisit l’effet désiré. Un profond sommeil saisit Charlot. Il ne bougea plus. L’aimante petite sœur s’empara d’une des mains du malade. Elle la caressait encore lorsque Madame Le Gardeur entra.

« Perrine, ma pauvre petite, dit tout bas la vieille dame en s’approchant, à quoi penses-tu ? Il est quatre heures du matin et tu n’as pas encore fermé l’œil. Relève-toi. Va prendre un peu de repos.

— Bonne maman, ne me grondez pas, supplia Perrine en s’éloignant un peu du lit. Ah ! si vous saviez comme Charlot, dans son délire, vient de m’émouvoir. Oui, jusqu’au fond du cœur, de mon cœur qui n’oublie rien, rien du passé… Il a appelé Julien, le bon Julien, savez-vous, tout à l’heure… » Elle saisit les mains de Madame Le Gardeur, des larmes brillaient dans ses yeux bleus.

« Voyons, voyons, Perrine… Quelle enfant très impressionnable tu demeures, au fond !

— Chère Madame Le Gardeur, Charlot, tout à l’heure, avait si bien repris son ton dominateur d’enfant choyé. Il a été longtemps le sien, vous vous le rappelez ?… Ah ! si vous l’aviez entendu ! »

Madame Le Gardeur enlaça tendrement Perrine. Elle revint avec elle près du lit. Le jeune blessé dormait toujours. Il semblait calme, quoique bien pâle. Ses traits n’avaient plus de crispation et son abondante chevelure brune encadrait sa figure avec beaucoup de grâce.