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familiers, très chers, revenaient sans cesse sur les lèvres de son frère. Un, puis plusieurs appels plaintifs de Charlot à Julien l’Idiot, firent se serrer le cœur de Perrine. Ses yeux se voilèrent. Elle eut de nouveau, bien précise, la vision de la fin tragique du pauvre matelot, pris et brûlé par les Iroquois, il y avait deux ans. À quel désespoir s’était livré Charlot à l’affreuse nouvelle de la torture du protecteur de son enfance. Puis, de quelle fureur avait été suivi son morne abattement ! Il avait fallu le surveiller. Une seule pensée, un seul désir dominaient son chagrin : venger la mort de Julien, …courir sus aux Iroquois pour y parvenir…

« Julien… Julien ! gémit de nouveau Charlot. Perrine vint s’agenouiller auprès du lit de son frère. Elle posa sa main sur son front. Il parut s’apaiser, puis, bientôt, ouvrit les yeux. Mais le regard du blessé était encore bien troublé… « Perrine, souffla-t-il, que fait Julien, dis ?… Il ne répond pas à mon appel… J’ai besoin de lui, chérie, tu es,… toi… trop faible pour me soulever, m’emporter… loin, bien loin de mon Commandant… si si mécontent… Julien !… Julien !… se lamenta-t-il plus haut, en roulant sans trêve sa tête sur l’oreiller. Perrine, avec des mouvements prestes, doux, bien doux, vint appliquer une compresse sur