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Sans doute, mais ce n’était certes pas le pays des cœurs craintifs. L’humeur héroïque, la vie audacieuse de ses habitants, ne s’en fussent guère accommodées.

Le canon du Fort tonna, les cloches de la chapelle des Jésuites carillonnèrent, quelques vivats retentirent : le Commandant de La Poterie accueillait le gouverneur.

On prit le chemin du Fort. Il fallait tenir une assemblée préliminaire, avant le dernier Conseil, fixé au lendemain, dans l’après-midi. On entra en causant paisiblement.

Jean Bourdon, avant de prendre son siège, vint s’incliner en souriant devant François Marguerie, le plus apprécié comme le plus habile, peut-être, et le plus aventureux, des interprètes trifluviens. Celui-ci félicita le procureur d’avoir donné son consentement à une mission diplomatique fort dangereuse. Marguerie était absent des Trois-Rivières depuis quelques semaines et venait d’être mis au courant des derniers événements.

« Marguerie, vous me voyez fort touché de votre confiance, expliqua Jean Bourdon. Ma bonne volonté vous est acquise, vous le savez bien, en toutes occasions. Mon désir de servir ce jeune pays me ferait accepter bien d’autres courses, allez !… Dieu veuille accorder plein succès, conclut-il, au Père Jogues et à votre serviteur, ambassadeurs de la paix, demain, chez les féroces Agniers ! »