Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais non certes, brusquer ou briser, d’aussi précieux élans. Il fallait, en tout cas, attendre une occasion plus favorable que celle-ci.

Normanville regarda de nouveau Charlot. Une flamme couvait au fond de ses yeux noirs, mais la main qui tenait l’arme paraissait calme, bien calme.

L’interprète se redressa. Rassuré, il prit à son tour, l’attitude nonchalante de Charlot. « Cela aidera à l’enfant, se dit-il s’il me voit indifférent, un peu blasé ». Il se pencha néanmoins un instant vers lui, et, tout en poussant du pied une motte de terre imaginaire, lui souffla : « Vise bien, petit, n’est-ce pas ? »

Charlot acquiesça de la tête. « Je suis prêt. Commandez ! » répondit-il brièvement.

Sur la bancelle, à quelques pas, les impressions des spectateurs se traduisaient diversement. Jean Amyot, franchement inquiet, retenait des deux mains le danois qui voulait s’élancer et aboyait d’une voix féroce au provocateur de son maître. Perrine et Marie de la Poterie, effrayées et serrées l’une contre l’autre, se tenaient debout, haletantes.

« Feu !… Un ! deux ! trois ! » lança Normanville. Le coup partit. Une petite fumée blanche voila le bouleau. En se dissipant, elle laissa voir Piescaret, les bras levés, en proie à un fol enthousiasme. Le succès de Charlot était complet. Tous se diri-