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— « Perrine, de grâce, appelle Feu. Retiens-le auprès de toi.  »

— « De force… comme M. l’interprète allant au bois. » finit l’incorrigible Marie de la Poterie. Elle regardait sa compagne caresser avec grâce le danois accouru à son appel. Il se coucha à ses pieds.

Oh ! que la jeunesse de Perrine, toute pénétrée de gravité, était reposante à regarder par ce tiède matin de soleil ! Ses cheveux blonds, rangés en boucles mutines, répandaient la chaude lumière sur son fin visage. Ses yeux gris, d’où la pensée n’était jamais absente, se levaient avec une expression un peu lointaine, un peu mystérieuse… Mais il en était toujours ainsi. Il fallait sans cesse conquérir ce regard qu’une vision intérieure tenait recueilli, comme tourné vers le dedans. Le commandant La Poterie, avec sa vive affection paternelle pour l’orpheline, disait parfois, en lui adressant la parole : « Perrine, ma jolie Madone… » Très pieuse, peut-être la jeune fille eût-elle demandé à Mère Marie de l’Incarnation de la recevoir au nombre de ses filles, si des soins filiaux à rendre à Madame Le Gardeur, sa protectrice vieillissante, si surtout son amour fraternel exigeant, ne l’eussent retenue dans le monde. N’étaient-ce pas là autant d’impérieux et attachants devoirs, voulus par la Providence ?