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On le voyait s’empresser aux courses périlleuses dans les immenses forêts canadiennes. À une absence succédait une autre absence. Dans ces conditions, qu’avait-il besoin, vraiment, d’un logement tant soit peu compliqué ? En revanche, l’héroïque soldat était fort bien nanti d’armes, de poudre et de plomb de tous grains.

Thomas Godefroy de Normanville comptait trente-six ans environ. Il était grand, mince, souple, d’allures fort distinguées. Son visage, aux traits réguliers mais un peu forts, aurait semblé un peu dur, n’était le loyal et doux regard de deux yeux bleus. Il était le frère de Jean Godefroy de Linctot, avec qui il habitait la plus grande partie de l’année. Sa belle-sœur, Marie Le Neuf, sœur du Commandant de la Poterie, ses nombreux neveux et nièces lui portaient une vive affection. Deux Normands, ce Jean et ce Thomas Godefroy. Ils avaient été amenés au Canada par Samuel de Champlain, dès 1626. Jamais, depuis cette époque, ils n’avaient voulu quitter le pays de la Nouvelle-France. Lors de la prise de Québec par les Kirke en 1629, et jusqu’en 1632, date de la restitution du Canada à la France, les deux frères s’étaient enfoncés dans la forêt canadienne, vivant en bonne intelligence avec les diverses tribus de sauvages qu’ils rencontraient ou visitaient. Des lions pour le courage, ces interprètes adroits et fins, des athlètes parfaits, vainqueurs même des sauvages dans certains sports. En sus, on les citait comme