L’interprète possédait un vaste terrain sur la lisière de la forêt, à la portée des canons du Fort. Il s’y était construit, pour l’été, une cabane à la mode iroquoise, c’est-à-dire une longue tonnelle, assez élevée, recouverte de belles écorces de cèdre. À la différence des habitations sauvages, il l’avait pourvue, chaque côté de plusieurs meurtrières, pouvant distribuer à la fois, lumière, ventilation et sécurité ; au fond s’élevait une petite cheminée en maçonnerie. Une cheminée ! Normanville ne connaissait que trop la cruelle incommodité de la fumée. Il savait, pour l’avoir expérimenté durant sa captivité chez les sauvages, qu’elle envahissait en maître les tentes iroquoises certains jours de mauvais temps. Il se la rappelait si bien lorsque, ne pouvant se dissiper par l’ouverture pratiquée en plein ciel, au centre de la cabane, elle se glissait au dedans, s’étendait, grossissait, enveloppait, remplissait tout. Ses épais rouleaux de suie, à l’odeur écœurante, devenaient ai étouffants qu’on devait pour les subir demeurer de longues heures la face contre terre.
Les meubles se faisaient rares dans la demeure de Godefroy de Normanville. Ne convenait-il pas qu’il en fût ainsi ? Le compagnon recherché des missionnaires possédait un cœur apostolique qui se complaisait dans l’action.