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ce petit ton coupant qui rappelait si fidèlement parfois la voix autoritaire de son père. Je cours auprès des deux Hurons. Il faut qu’ils nous fabriquent un brancard d’occasion. Nous ne pouvons songer à transporter autrement cette misérable, à moitié morte de faim, de fatigues et de terreur… Et puis, Perrine, durant mon absence, écoute à son sujet ce que va te traduire ce savant de Jean Amyot. Tu nous en feras le récit dès que nous reprendrons le chemin du Fort…

— Oui, oui, allez, notre Commandante, finit l’interprète, qui s’amusait de la vivacité affairée de la jeune fille. »

Un dialogue court, entrecoupé de plusieurs pauses, s’engagea entre l’Algonquine et l’interprète.

« Oui, apprit la femme sauvage, qui parlait à cause de son état de faiblesse, avec une extrême lenteur, oui, je me suis échappée… d’entre les mains des Agniers… que mon frère blanc le sache bien ! J’ai brisé… mes liens… J’ai passé par-dessus les corps… de mes gardiens… endormis. Mais alors, …malheureusement alors… un besoin de vengeance m’a saisie. …Je suis revenue et… et au moyen… d’une hache… j’ai cassé la tête… d’un des dormeurs…

On m’a poursuivie… poursuivie… Le creux d’un arbre où je me suis cachée… m’a d’abord sauvée… Mais au sortir, ma… ma piste hélas !