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— Bah ! il n’y arrivera peut-être pas, dit l’Iroquois.

— Que veut dire mon frère ?

— Si la famille de l’Ours aperçoit cette nouvelle face de visage pâle, ton esclave n’ira pas loin… Je t’avertis, l’échafaud l’attend.

— J’ai seul le droit de disposer de ce corps, tout misérable qu’il soit.

— Mon frère sait bien que lorsque la famille de l’Ours lève la hache de guerre, plus rien ne compte, que la satisfaction de leur haine.

— Mon oncle Kiotsaeton et le vaillant chef Le Berger, où sont-ils donc ? Que disent-ils de cette façon de si mal respecter le traité de paix avec les Français ?

— La suite de mon récit va te le faire savoir… Mais reposons-nous un peu… Fumons. »

Au bout d’une demi-heure, une demi-heure de supplice pour Charlot, l’Iroquois reprit ses confidences, de sa même voix lente. Au ciel, les étoiles commencèrent de paraître, et un vent plutôt tiède s’éleva et chanta dans les arbres. Mais à Charlot, la nuit si belle qui venait sembla lugubre comme une veillée funèbre. Il avait tenté plusieurs fois de se glisser doucement loin de Kinaetenon, ne rêvant qu’une chose, aller partager le sort du Père Jogues, de ce protecteur adoré de son enfance… mais