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dévoré le tout à belles dents, nous criant, en riant et en dansant : « Voyons, voyons, si cette chair blanche est une chair de manitou ! » Le Père, qui a du courage, n’a pas plus bronché qu’un bon Iroquois, il faut l’avouer, il a même répliqué : « Non, je ne suis qu’un homme comme vous tous. Mais je ne crains ni la mort, ni les tourments. Pourquoi me faites-vous mourir ? Je suis venu dans votre pays pour cimenter la paix, affermir la terre et vous montrer le chemin du ciel ; et vous me traiter comme une bête fauve ! Craignez les châtiments du Maître de la vie ». Ah ! ah ! ah ! le réjouissant spectacle que tu as manqué là… mais vois donc, mon frère, ton esclave, il claque des dents et tremble même en dormant… Quand je te dis qu’il est malade… Que lui as-tu fait ?

— C’est bon, c’est bon, laisse-le tranquille, répliqua vivement Kinaetenon, qui poussa du pied Charlot comme pour l’éveiller, car il le savait au contraire bien conscient et comprenait l’émotion qu’il éprouvait. Tiens, serviteur sans cervelle, prends cette couverture, couvre-t-en… Je l’exige. Tu as une lourde tâche à remplir, demain, en arrivant sous ma tente.