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Puis le nouvel arrivant offrit des provisions, que l’on mangea dans le plus grand silence, selon la coutume indienne. Le repas fini, les calumets allumés, les deux Iroquois causèrent, tandis que Charlot feignait de ranger non loin les effets de son maître.

Kinaetenon l’appela soudain.

— Enlève ces pistolets de ma ceinture. Charge-les, ordonna-t-il avec brusquerie… Non, non, fou, ne t’éloigne pas. Couche-toi à mes pieds, en bon chien que tu dois être.

— Ah ! ah ! ah ! s’exclama le deuxième Iroquois, il va bien ton esclave… Quelle guenille de Français ! Mais il est maigre, trop maigre. Il te faudra mieux le nourrir si tu veux le garder. Le fouet, les coups de pieds, doivent toujours être en proportion de la sagamité, va !

— J’entends mon frère, je l’entends, mais je le prie aussi de se mêler de ce qui le regarde, répondit Kinaetenon, la tête basse.

— Mon conseil est bon. Ce chien de Français se meurt…

— Silence ! cria d’une voix tonnante Kinaetenon, qu’un observateur attentif aurait vu tressaillir des pieds à la tête. Qu’il crève s’il veut, entends-tu ? Un esclave, peuh !…

Le silence régna entre eux durant quelques secondes. « Que se passe-t-il dans les illustres familles du Loup et de La Tortue ? demanda d’une voix lente et blanche Kinaetenon.

— Hein ? Mon frère ne sait donc pas quels événements considérables se passent en nos