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bre de ces arbres, près de ce bûcher en cendres. Tout indiquait même l’un de ces repas de véritables cannibales que se permettaient les sauvages. Des traces de sang se voyaient partout.

Charlot eut un cri bas et douloureux. Il apercevait un lambeau de soutane accroché à un arbre, tout raidi par le sang qui y avait séché. Il se glissa au pied de cet arbre et cacha en gémissant sa tête entre ses mains. Kinaetenon à quelques pas, continuait à perquisitionner. Il s’approcha enfin de Charlot.

« Retournons, Charlot. Nous sommes arrivés trop tard. Qui sait ? Nous rattraperons peut-être bientôt la bande qui a fait le coup.

— Kinaetenon, laisse-moi demeurer ici, quelques jours. Je veux retrouver les ossements du Père. Ils ne l’ont peut-être pas brûlé en entier… Je t’en prie.

— Le Père de la prière n’a pas été brûlé, ni tué, ni mangé… Que mon frère me croie… Je connais ces gens de la famille de l’Ours. S’ils ont torturé un peu le Père, ici, dans cet endroit désert, c’est bien tout. On l’a réservé pour un supplice public, après jugement des anciens de leur tribu.

— Tu as raison, sans doute, Kinaetenon. Partons…

— Mon frère se soutient à peine. Je vais le porter.

— Donne-moi le bras seulement. Je surmonterai ma faiblesse. Le salut du Père seul m’im-