Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Comment tu ne sais pas que le grand Kiotsaeton m’a ordonné d’aller à ta recherche… Il ne peut tolérer ma présence, ici… sans toi… il me l’a dit… Sur quel ton de mépris, mon frère !… J’en frémis encore… Il m’a accusé de tous les malentendus qui existent entre vous et vos parents… J’en suis la cause, la seule cause. Comprends-tu, Kinaetenon, que cela m’ait affolé, au point de fuir ?… Kinaetenon, tu me crois, dis ? Kinaetenon, mon frère, aie pitié…

— Je voudrais croire, mon frère, oh ! oui… Je ne le puis…, répondit le Sauvage, les yeux bas, les sourcils toujours froncés.

— Va trouver Kiotsaeton. Tout de suite. Demande-lui ce qui s’est passé. Tu verras que je te disais la vérité.

— J’y vais, en effet.

L’entrevue dura peu. Charlot vit revenir Kinaetenon un peu oppressé par l’émotion, la figure encore contractée, mais les yeux, les grands yeux expressifs du sauvage avaient recouvré la paix.

« Eh bien, Kinaetenon, demanda Charlot, t’ai-je trompé ?

— Non, répondit laconiquement le sauvage.

Il se pencha sur Charlot, et lui enleva tous ses liens. Pensif, il examina ensuite les traces des coups de bâton. En voyant sur le dos de Charlot les grandes raies sanglantes qu’y avait imprimées son fouet, il tressaillit,