comme une bête de somme, et reprit en hâte la route de sa tente. Les deux Iroquois, témoins de la scène de fureur de Kinætenon, riaient et battaient des mains ; puis, à la course, eux aussi, ils retournèrent au camp rapporter tous les faits au Capitaine Kiotsaeton.
Sous la tente de Kinætenon, le silence régna longtemps. Charlot se sentait épuisé, beaucoup moins physiquement que moralement… Et puis que voulait dire, pour lui, le mutisme de Kinætenon ? Son ami ne l’avait, à l’arrivée, ni délié, ni ne lui avait offert quoi que ce soit. Il se tenait au fond de la tente, occupé à réparer une arquebuse.
« Kinætenon ? dit enfin Charlot… »
Celui-ci ne répondit pas.
« Kinætenon, de grâce, viens ici… «
Le sauvage s’approcha, la figure irritée.
« Que veux-tu,… traître, ah ! traître… finit-il sourdement.
— Non, Kinætenon, je ne suis pas un traître. J’ai profité de ton éloignement, au contraire, pour fuir sans te compromettre.
— Je ne comprends pas ce que veut dire mon frère…
— Kinætenon, regarde bien mes yeux, ils sont levés sans crainte vers toi. Je ne t’ai pas trahi…
— Pourquoi as-tu quitté le camp de mon oncle sans attendre mon retour ?