Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chait. Il approchait et venait à la course. Charlot, les sourcils froncés, la bouche amère, les yeux mauvais, s’immobilisa tout à coup. Il laissa passer sans bouger le moindrement, Kinætenon courant et criant toujours.

« J’ai ma chance de fuir, se dit Charlot, et cela, sans compromettre Kinætenon. Je la prends… Je n’en puis plus. Plutôt mourir dans les bois ! »

Charlot s’éloigna à grands pas… Hélas ! il n’alla pas loin, poursuivi tout de suite par les deux Iroquois que Kiotsaeton avait chargés du soin de guetter les gestes de Charlot, depuis son départ du camp. Kiotsaeton, en bon sauvage, se méfiait toujours. Il s’était dit cette fois, avec raison, que si Charlot fuyait pour tout de bon, on l’accuserait de l’y avoir aidé, ayant été le dernier à lui parler… Hé ! sa mauvaise humeur contre le Français avait eu le pas sur sa prudence, sur sa raison même, Kiotsaeton ne le reconnaissait que trop…

Le pauvre Charlot avait donc été vite repris. Avant d’être ramené au camp à coups de bâton, on lui avait lié les mains derrière le dos. À peu de distance des tentes, on vit accourir Kinætenon. Il semblait à la fois furieux et désespéré. Il éloigna brutalement les deux gardiens de Charlot, saisit celui-ci avec colère, l’invectiva, le renversa à terre d’un coup de poing, le frappa à plusieurs reprises de son fouet, puis le garrotta solidement aux genoux et aux pieds. Ceci fait, il le chargea sur son dos