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bagage du campement et des armes. Fort heureusement, les mauvais traitements des Iroquois n’avaient pas laissé de traces fâcheuses sur son corps délicat. Il avait dû demeurer alité les quinze premiers jours qui avaient suivi l’incident terrible du coffret du missionnaire, soigné avec dévouement, mais à l’insu de tous, par Kinaetenon. Le jour, celui-ci paraissait aux yeux de tous un maître exigeant, sans merci, pour un esclave malade, qu’il nommait hier encore son frère, son ami. Mais la nuit ! Toute l’atmosphère de la tente s’en trouvait transformée… Charlot en avait parfois les larmes aux yeux. « Pauvre, pauvre Kinaetenon, disait affectueusement Charlot, si tu savais comme je te suis reconnaissant… Comme je tremble aussi parfois pour toi… Si on découvrait ta secourable et loyale bonté !… Je ne crains pas la mort, voyons. Ne suis-je pas un soldat ?… Abandonne-moi à mon malheureux sort.

— Mon frère a toujours tort de parler ainsi. J’ai promis, il le sait, à sa sœur aux cheveux de lumière, de le protéger, toujours, partout, jusqu’à la mort. Kinaetenon ne manque jamais à une parole donnée… Que mon frère boive de cette boisson rafraîchissante. Il dormira bientôt. »