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premiers travaux de la récolte. Elle sonnait et s’annonçait excellente.

Un matin Charlot s’attarda sous la tente, pour raccommoder un filet de pèche plus endommagé qu’il ne croyait. Il vit tout à coup rentrer précipitamment Kinaetenon. Le front soucieux, les yeux à terre, celui-ci vint s’étendre, sans un mot, sur une natte à deux pas de Charlot. Il lança dans un coin son filet de pêche, se débarrassa de son mousquet, de ses pistolets, puis s’immobilisa. Il semblait perdu dans des réflexions peu réjouissantes. Charlot l’observait du coin de l’œil, tout en se gardant de le questionner, connaissant la nature réservée, un peu farouche même, de son ami iroquois.

Son filet raccommodé, Charlot se leva, s’arma, puis se disposa à quitter la tente. Il mit, avant de partir, avec beaucoup d’affection cordiale, sa main bien guérie maintenant, et par Kinaetenon, sur l’épaule de celui-ci. Il sut se pencher pour accomplir ce geste. Quelle ne fut pas sa surprise de voir Kinaetenon saisir sa main avec force et l’attirer près, bien près de lui.

— Que mon frère me pardonne ! dit sourdement Kinaetenon, mais il ne sortira pas avant de m’avoir entendu.

— Kinaetenon, il se fait tard, la rivière est loin, et… ce soir, ce soir, nous causerons très à l’aise.