La fête du jour nous a bien inspirés, là-dessus… Tiens, mais voilà Charlot !… Bonjour, bonjour mon petit ami… Que faites-vous ici ? »
Ce fut une soirée inoubliable que celle qui se tint quelques heures plus tard. Tous avaient demandé avec instance à y assister. La poignée de braves soldats qui gardaient le Fort se tenaient respectueusement dans le fond de la grande salle d’exercice. Charlot et Kinætenon, entrés en silence, avaient vivement pris place au milieu des soldats. On eût dit que tous deux voulaient faire oublier leur présence. Charlot avait la figure rouge, ses yeux brillaient, ses mains se crispaient en se posant sur l’un ou l’autre de ses pistolets favoris qui garnissaient, comme à l’ordinaire sa maigre ceinture. Dès que le Père Jogues eut pris la parole, son attention se fit intense. Kinætenon, parfois, se penchait vers lui. Il lui demandait des explications sur les récits bientôt ponctués de bravos du Père Jogues ou du Procureur de la Colonie. « Après tout, faisait remarquer l’Iroquois, mon frère sait bien qu’il s’agit là de mon pays, de ma tribu, des miens. Charlot lui répondait brièvement, ajoutant chaque fois : « Tout à l’heure, Kinætenon, tout à l’heure, je te rapporterai toutes ces choses en détail. Tu sais bien que je ne dois rien perdre