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Je n’ai rien oublié de nos heures passées,
Alors que ton avril au mien tendait ses fleurs
Pour le plaisir d’aimer sans arrière-pensées,
Souriante la lèvre et l’œil fou de lueurs.

Je n’ai rien oublié de mes heures bercées
Doucement, doucement aux rythmes doux, berceurs,
Que murmurait ta voix chaste de fiancée,
Ni la sérénité de nos deux âmes sœurs.

Et je revois encor le coin plein d’ombre fraîche
Près de la noria sonore où se dépêche
L’essaim de mes désirs autour de tes bras nus ;

Et joli le jardin ! et combien embellie
Sa légère feuillée au son des angélus
Que tintaient nos baisers sous le saule qui plie !

(Extraits des Raisins bleus et gris.)