Page:Dauphin - L’Âme de mon violon, 1902.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
PRÉLUDE

Heureuse, où t’en vas-tu, belle heure sans souci,
Toi qui sembles porter aux vieux soirs un défi,
Ignorante des maux et ne te doutant guère
Que ton aînée, ici, née à peine naguère,
Ayant bientôt vécu son passager moment
De terrestre bonheur, s’en ira tristement
Rejoindre, en l’infini du temps, ses sœurs, les tiennes,
Les heures d’autrefois, les heures anciennes
Qui, comme toi, volaient dans le vent du matin,
Fières de leur jeunesse et narguant le destin.


Puisque l’instant est court, ô dirige ton aile
Et ne la laisse pas errer par la venelle
Étroite et salissante où tant de mal se plaît
À charrier l’ordure et le vice et le laid ;
Mène-la par les champs des riants paysages
De la sérénité, sous l’envol des nuages