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réelle affection), que mon père l’avait sollicité en faveur de Drumont, et qu’il avait quelque peu hésité avant d’écrire le fameux papier. Mais lui-même avait eu des débuts difficiles ; et, rude aux gens arrivés (sauf à Alphonse Daudet dont il aimait l’indépendance fougueuse), il était indulgent aux débutants et aux confrères malchanceux. C’est lui qui osa publier les premiers articles antiparlementaires du jeune Maurice Barrès, d’où sortit le livre : Leurs figures. Par la suite, mon père les réunit, lui et Drumont, et ils se furent réciproquement sympathiques, en dépit de leurs divergences foncières. L’auteur de la France juive était un croyant, sublime et familier quand il était sur le sujet mystique, et Magnard semblait un sceptique renanisant, qui donna le jour à un fils enthousiaste, Albéric Magnard, l’auteur de Guercœur, le héros de Nanteuil-le-Haudouin. Je dis « semblait », parce qu’il est difficile de connaître le fond des gens ; or, je fus étonné de certains élans du prétendu « sceptique » et de son attachement à ses amitiés.