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autre, et l’article, d’ailleurs nuancé et fort habile, était bien de lui. On le retrouvera aisément dans la collection du Figaro. Je savais, depuis un an, par mon père, qui m’avait recommandé le secret, que Drumont travaillait à un ouvrage extraordinaire sur le monde juif, ouvrage qui, selon la fortune, ferait de lui un auteur célèbre ou le jetterait sur un grabat. J’aimais beaucoup Drumont, familier de notre accueillante maison, et je me disais que si mon père prenait en main la cause de l’œuvre chargée d’orages, sa réussite était assurée.

La France juive parut, et Alphonse Daudet me demanda ainsi qu’à son fidèle secrétaire Jules Ebner, qui fut près de lui depuis 1870 jusqu’à sa mort, de surveiller la vente, moi sous les galeries de l’Odéon, Ebner sur les boulevards, notamment chez Achille, où soufflaient en général les premières brises du succès. Plus exactement, des deux succès, celui de la rive droite et celui de la rive gauche (voir les Deux Rives de Vandérem), qui, en se conjuguant, faisaient alors le grand succès du quartier des écoles et de celui des boulevardiers, gens du monde, des clubs, journalistes et autres.

Je vois encore les piles jaunes de la