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c’était un grand et superbe Breton, à larges épaules taillées pour le froc, avec quelque chose du prédicateur dans l’arrondissement de la voix et des gestes. Il s’est fait depuis un nom dans les lettres. Son drame ne m’étonna point. Il est vrai de dire que, après une après-midi passée à la vigne de Gérard de Nerval, dans ce que Desroches appelait son intérieur, l’étonnement n’était point facile.

Avant de gravir les buttes, j’avais voulu relire les pages exquises que Gérard, l’amoureux de Sylvie dans ses Promenades et Souvenirs, consacre à la description de cette pente septentrionale de Montmartre, coin de campagne enclos dans Paris, et d’autant plus précieux et cher : «… Il nous reste un certain nombre de coteaux ceints d’épaisses haies vertes que l’épine-vinette décore tour à tour de ses fleurs violettes et de ses baies pourprées… Il y a là des moulins, des cabarets et des tonnelles, des élysées champêtres et des ruelles silencieuses… on rencontre même une vigne, la dernière du cru célèbre de Montmartre, qui luttait, du