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des mœurs bourgeoises en descendant à grand fracas, parmi les cris des masques et le vacarme des grelots, le pavé légendaire de la Courtille ; d’autres, moins écervelés ou plus pauvres, essayaient de se créer par le travail des ressources qu’ils ne pouvaient plus espérer de la bonne grâce d’une royauté. Ainsi fit M. de Lauzanne, que nous avons vu passer naguère encore souriant et vert, toujours portant beau malgré son grand âge, toujours gentilhomme malgré son métier de vaudevilliste et le surnom de père Lauzanne que la familiarité affectueuse de ses confrères lui avait donné ; ainsi dut faire le père de Rochefort, très lancé en son temps parmi la bruyante jeunesse royaliste et ami particulier de l’ex-garde du corps Choca. Courant volontiers les coulisses, Rochefort, le père, comme Lauzanne, une fois la mauvaise saison venue, se rappela le chemin du théâtre et y retourna, mais pour en vivre. Tout amateur renferme en soi un auteur, et la pente est facile entre applaudir des pièces et essayer d’en écrire. M. de Rochefort–Luçay écrivit donc des pièces et se fit vaudevilliste.