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PREMIÈRE PIÈCE

Oh ! qu’il y a longtemps de cela. J’étais loin, bien loin de Paris, en pleine joie, en pleine lumière, tout au bout de l’Algérie, dans la vallée du Chélif, un beau jour de février 1862. Une plaine de trente lieues que borde à droite et à gauche une double ligne de montagnes, transparentes dans le brouillard d’or et violettes comme l’améthyste. Des lentisques, des palmiers nains, des torrents à sec dont le lit caillouteux est encombré de lauriers roses ; de loin en loin un caravansérail, un village arabe, sur la