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mauvais vouloirs. Le secrétaire de la rédaction du Figaro, à cette époque, était Alexandre Duvernois, le frère de Clément Duvernois, ancien journaliste et ministre. Par grand hasard j’avais, neuf ans auparavant, au courant de ma joyeuse expédition, rencontré Alexandre Duvernois, alors modeste employé au bureau civil de Milianah, et gardant de cette époque un vrai culte pour la colonie. Irrité, révolté par la façon légère dont je parlais de sa chère Algérie, il ne pouvait empêcher la publication de Tartarin, mais il s’arrangea pour la morceler en lambeaux intermittents, prétextant l’horrible cliché de « l’abondance des matières », si bien que ce tout petit roman s’éternisa dans le journal presque autant que le Juif-Errant ou les Trois Mousquetaires, « Ça tire, ça tire… » grondait le faux-bourdon de Villemessant, et j’avais grand’peur d’être obligé d’interrompre encore une fois.

Puis, nouvelles tribulations. Le personnage de mon livre s’appelait alors Barbarin de Tarascon.

Or, il y avait justement à Tarascon une