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L’ARRIVÉE


Quel voyage ! Rien qu’en y pensant trente ans après, je sens encore mes jambes serrées dans un carcan de glace et je suis pris de crampes d’estomac. Deux jours en wagon de troisième classe, sous un mince habillement d’été et par un froid ! J’avais seize ans, je venais de loin, du fin fond du Languedoc où j’étais pion, pour me donner à la littérature. Ma place payée, il me restait en poche juste quarante sous ;