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betta. Puis les salons où l’on s’amuse — pour ne pas dire où l’on essaie de s’amuser. Souvenirs et regrets ! on y soupe, on y joue, on y renouvelle Compiègne tant qu’on peut : jolies serres, fragile abri sous le cristal duquel s’épanouit dans tout son éclat puéril la fleur sans parfum de la vie purement extérieure et mondaine. Mais le vrai salon littéraire, le salon où, autour d’une Muse avenante et mûre, des gens de lettres ou se croyant tels s’assemblent une fois par semaine pour dire de petits vers, en trempant de petits gâteaux secs dans un petit thé, ce salon, par exemple, a bien définitivement disparu. Sans être vieux, j’en ai encore connu quelques-uns de ces bleus salons d’Arthénice, relégués aujourd’hui en province, plus démodés que la guitare, le vague à l’âme et les quatrains d’album.

Soufflons sur nos souvenirs d’il y a vingt ans. Pft ! pft ! pft ! La poussière s’élève en fin nuage, et dans ce nuage, distinctement, comme pour une apparition de fée, se dessine et prend corps l’aimable silhouette de cette bonne Mme Ancelot. Mme Ancelot ha-