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brigitte, sur le seuil.

Léonard, je vous recommande mes faïences.

brèchemain, en dehors.

Mes groseillers, Léonard.

léonard, s’approchant de la fenêtre.

Bonjour, tout le monde !


Scène V


LÉONARD, seul, à la fenêtre

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Fouette, cocher ; fouette, mon ami ; tu portes des gens heureux qui vont à une grande féte ! Fouette, Guillaume, encore plus fort, mon garçon ; fouette pour monsieur le docteur ; fouette pour M. Eustache ; fouette aussi pour madame Brigitte, qui ne se tient pas d’aise sur les banquettes du char-à-bancs ; fouette pour Brèchemain, qui se mouche et qui pleure de joie ; fouette encore pour mademoiselle Suzette, que tant de bonheur a rendue féroce ; il faut fouetter, vois-tu, Guillaume ; fouette toujours, mais fouette donc, bourreau ! (Sur ce dernier cri, il vient tomber, la tête dans les mains, sur le vieux fauteuil.) Ainsi voilà ce qui m’attendait après quatre années de travaux et de peines ; pendant quatre ans j’aurai fait ici une besogne dde galérien et d’imbécile, pour l’amour de deux beaux yeux, qui ne m’auront pas une fois regardé ! Ai-je été assez lâche pourtant, assez plat, assez hypo-