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francet mamaï.

Oui, mon enfant, je voulais te dire… Je… (Bas, à Rose.) Dis-lui, toi. Rose ; moi, jamais je ne pourrai.

rose.

Écoute, mon enfant, nous savons tous que tu as une grande peine, dont tu ne veux pas nous parler. Tu souffres, tu es malheureux… C’est cette femme, n’est-ce pas ?

frédéri.

Prenez garde, ma mère… On avait dit qu’on ne prononcerait jamais ce nom-là ici.

rose, avec explosion.

Il le faut pourtant bien, puisque tu en meurs… puisque tu en veux mourir… Oh ! ne mens pas… Je le sais, tu n’as trouvé que ce moyen pour arracher cette passion de ton cœur ; c’est de t’en aller de ce monde avec elle… Eh bien ! mon fils, ne meurs pas ; comme qu’elle soit, cette Arlésienne maudite, prends-la… Nous te la donnons.

frédéri.

Est-ce possible ?… ma mère… mais vous n’y songez pas !… Vous savez bien ce que c’est que cette femme…

rose.

Puisque tu l’aimes…

frédéri, très ému.

Ainsi, vraiment, ma mère, vous consentiriez ?… Et vous, grand-père, qu’est-ce que vous en dites ?…