J’en suis sûre.
Lisez. (Il lui donne la lettre. — Silence.) Votre main tremble… vous pâlissez. Vous l’aimez toujours. (Il repousse sa main qu’il tenait.)
Voilà huit ans qu’il était mort pour moi.
Lâche et menteuse… Comme elle a trompé son mari, elle renie son amant.
Oh ! assez de cruautés, n’est-ce pas, Ambroix ; assez de cruautés et de mépris. Vous avez le droit de me tuer, mais non de me torturer ainsi.
Vous tuer ? Pourquoi faire ? Pour vous l’envoyer rejoindre, peut-être ? Non, non, cela vous rendrait trop heureuse ; et moi qui n’ai personne à m’attendre là-bas, moi, qui serai seul dans la mort comme je l’ai été dans la vie, je serais trop jaloux de votre bonheur. (Il s’assied prés du bureau, et dans sa colère menace le portrait.) Ah ! quand je songe que c’est toi, toi, regard faux et vil, toi, bouche menteuse et ironique, que c’est toi, maudit, qui m’as gâté toute ma vie, toi enfin qui m’as fait mes dernières heures si cruelles, si longues, si misérables ! (Il prend le couteau.) Tiens ! tiens ! (il frappe le portrait.)
Ambroix ! que faites-vous > revenez à vous.