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balthazar.

Tè ! Vivette… D’où sors-tu donc, petite, que te voilà chargée comme une abeille ?

vivette.

J’arrive de Saint-Louis par le bateau du Rhône… Ils vont tous bien, ici ? Et notre Innocent ?… (Se baissant pour l’embrasser.) Bonjour.

l’innocent, bêlant.

« Mé ! mê !… » ça, c’est la chèvre.

vivette.

Qu’est-ce qu’il dit ?

balthazar.

Chut ! une belle histoire que nous sommes en train de raconter : La chèvre de M. Seguin qui s’est battue toute la nuit avec le loup.

l’innocent.

Et puis au matin, le loup l’a mangée…

vivette.

Ah ! celle-là est nouvelle ; je ne la connais pas.

balthazar.

Je l’ai faite l’été dernier… La nuit, dans la montagne, quand je suis seul à veiller mon troupeau à la lumière des planètes, je m’amuse à lui fabriquer des histoires pour l’hiver… Il n’y a que cela qui l’égayé un peu.

l’innocent.

« Hou ! hou ! » Ça, c’est le loup.